• LE PREMIER OUBLIE / Cyril MASSAROTTO

     

    Editions XO

     

    Le roman de Cyril Massarotto, tout en pudeur, nous emporte avec humour et délicatesse aux frontières de la mémoire, des souvenirs et de l'amour filial.

    Depuis quelques mois déjà, Madeleine oublie.

    Oh, des petites choses, rien de bien inquiétant.

    Jusqu'au jour où elle s'aperçoit qu'elle a oublié le nom de son mari.

    C'est Thomas, son fils, qui lui apprend que son époux est mort, il y a près d'un an.


    Le diagnostic tombe : sa mère est atteinte d'Alzheimer.

    Entre tendresse et amertume, Le Premier Oublié est un roman à deux voix, celles d'une mère et de son fils, confrontés à l'implacable avancée de la terrible maladie.

     

     

     

     



    Né en 1975, Cyril Massarotto vit à côté de Perpignan.

    Il a longtemps écrit des paroles de chansons pour son groupe, Saint-Louis, avant de se sentir à l'étroit dans l'exercice et de se lancer dans l'écriture.

    Instituteur puis directeur d'une école maternelle, il se consacre depuis le succès de son premier roman Dieu est un pote à moi (vendu à plus de 75 000 exemplaires) à l'écriture et à la musique.

     

     

     

     Qui êtes-vous Cyril Massaratto?


    Je suis un ancien musicien, ancien directeur d'école maternelle qui a la grande chance, depuis quelques années, de pouvoir vivre de sa plume ou plutôt, de son clavier.
    Je suis un homme de 37 ans (déjà !) qui aime rire et lire, écrire et vivre dans son sud natal.



      Quel est le thème central de ce livre ?


    Dans ce livre, je raconte deux vies : celle d'une femme atteinte de la maladie d'Alzheimer et celle de son fils, le premier qu'elle a oublié.

    Les thématiques principales sont l'oubli, la peur de l'abandon et l'amour d'un fils pour sa mère.

    Comment un homme peut tenter de se reconstruire alors que a mère s'éteint à petit feu, devant lui.



      Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous?


    "Avec Alzheimer, ma mémoire se transforme peu à peu en Bernard l'Hermite : un jour elle en aura assez de mon crâne, et elle le quittera définitivement, laissant mon corps là, inerte sous l'eau. Voilà le plus terrible : je sais que je vais devenir une coquille vide. "



      Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?


    "Try a little tenderness", d'Otis Redding.



      Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?


    Des sentiments forts; des émotions vraies.

    Du rire et des larmes.



      Avez-vous des rituels d'écrivain ?


    Oui, j'écris le soir, à minuit, jusqu'à trois heures environ; au bout de la table de mon salon, avec juste une lumière au-dessus de mon clavier.

    Jamais de musique, aucun bruit, rien.

    Il me faut l'impression d'être seul au monde pour parvenir à écrire.

    J'ai essayé, comme l'on voit faire les écrivains dans les films français, d'écrire dans les trains, ou dans les cafés : je trouve ça élégant, mais ça m'est rigoureusement impossible.



      Comment vous vient l'inspiration ?


    Cette question m'amuse, car j'y consacre un long passage dans le livre.

    Pour résumer, disons que fut un temps ou je pensais que l'inspiration venait naturellement, par le haut, comme une fontaine d'idées à laquelle il suffirait de boire; mais j'ai compris depuis que l'inspiration est un feu qui vient de l'intérieur.

    L'inspiration ne vient pas, elle est déjà là, il suffit de la laisser sortir.



      Comment l'écriture est-elle entrée dans votre vie ?  Vous êtes-vous dit enfant ou adolescent «un jour j'écrirai des livres» ?


    Jamais je n'aurais pensé écrire un jour : c'est la musique qui m'a amené à l'écriture. Je me suis mis à jouer de la guitare, vers 16 ans, et j'ai rapidement monté un groupe. Il fallait quelqu'un pour écrire les paroles, et je m'y suis collé, sans réellement savoir pourquoi.

    Ce n'est qu'à 31 ou 32 ans que je me suis mis à l'écriture d'un roman : ç'aurait dû être une chanson de plus, mais j'ai tout de suite senti que le titre était trop fort pour en faire quelques couplets et un refrain seulement.

    Ce titre, c'était "Dieu est un pote à moi".



      Vous souvenez-vous de vos premiers chocs littéraires (en tant que lecteur) ?


    Oui, il y en a eu peu, finalement.

    L'étranger, d'abord, puis, plus rien pendant 10 ans.

    Ensuite, Maupassant m'a ramené à la lecture, puis Houellebecq et Sartre.

    Et enfin, LE gros choc, le seul que je relis tous les 2 ou 3 ans : Voyage au bout de la nuit.



      Savez-vous à quoi servent les écrivains ? !


    Non.

    J'aimerais trouver une belle formule, bien intelligente et profonde, mais la vérité est que ne suis pas sûr que les écrivains servent à quoi que ce soit d'important.

    Par contre, je crois que l'écriture est capitale pour les écrivains.



      Quelle place tiennent les librairies dans votre vie ?


    Une double place : d'abord en tant que lecteur, ils me prescrivent des livres, plutôt que de simplement me les vendre (quand ils remplissent bien leur office évidemment); ensuite, en tant qu'écrivain, ils prescrivent mes livres et là, je trouve qu'ils remplissent bien leur office, évidemment !

     

     

    Le premier oublié nous raconte la vie d'une femme atteinte de la maladie d'Alzheimer et de son fils, le premier que sa mémoire a effacé. Vous y abordez les thématiques de l'oubli, de l'abandon et de l'amour.

    Pourquoi vous êtes-vous tourné vers ce sujet ?


    Tout d'abord, parce qu'Alzheimer a frappé ma famille.

    Il y avait une sorte de chape de plomb sur la maladie, on n'en parlait pas vraiment...

    J'ai gardé cela en moi, et ce silence a mûri : à défaut d'en avoir parlé, je l'ai écrit.


    La thématique de l'oubli est le coeur de ce livre. L'oubli en affecte différemment les deux personnages principaux.

    Il y a la mère qui oublie, bien sûr, à cause de la maladie, et qui essaie de rester vivante grâce aux souvenirs ; et à côté de cela, il y a le fils qui oublie de vivre depuis trop longtemps, et qui, plongé dans les souvenirs de son père, de son ex, et de sa passion éteinte pour l'écriture n'a finalement plus d'envies, plus d'amour, plus de vie.

    C'est en découvrant à quel point il aime sa mère, à quel point il donnerait tout pour qu'elle se souvienne de lui une dernière fois, qu'il va se remettre à vivre, peu à peu.



    Vous dépeignez un jeune écrivain d'une trentaine d'années. Serait-ce vous ?


    Le héros se prénomme Thomas et non Cyril, mais il est moi.

    Ses pensées sont les miennes, son humour et ses peines le sont aussi. Ses souvenirs également.
    Ce roman est très autobiographique, mais j'avais aussi besoin de créer une distance, pour ne pas être bloqué par le réel. Le simple fait de changer de prénom me permet de m'éloigner de l'exercice périlleux de l'essai ou du témoignage, et d'écrire un véritable roman...

    Quitte à dire la vérité !



    Roman, autobiographie, qu'en est-il ?


    Ce que je raconte dans Le Premier Oublié est vrai.

    J'y parle du décès de mon père, mais aussi de la peur de perdre ma mère même à mon âge.
    Dans mon esprit, cette peur d'être orphelin s'est mêlée à l'Alzheimer de mon oncle, dont ma mère s'occupait énormément, à ce silence qu'il y avait autour de sa maladie. Je voyais, au fil des mois et des années, l'évolution de l'état de ma mère quand elle revenait de ses visites, jusqu'au jour où il ne l'a plus reconnue. Je n'ai jamais trop osé poser de questions à ce sujet, alors, dans le livre, j'ai imaginé ce qu'elle pouvait vivre en la mettant dans «ma» peau.

    Je n'aurais pas pu écrire un autre livre que celui-là. C'était ce livre ou rien.

    Écrire tout ça est une sorte d'espoir de conjurer le sort.



    Qu'entendez-vous par là ?


    Mon père est mort l'an dernier et a été enterré le jour de mon anniversaire ; dans mon premier roman, Dieu est un pote à moi, le père meurt le jour de l'anniversaire du héros. De plus, mon père est mort à 60 ans ; dans Dieu est un pote à moi, le héros meurt à 60 ans. On n'a cessé, depuis, de me dire que c'était un signe, qu'il n'y avait pas de hasard... On m'a souvent parlé du destin, ce mot magique, qui englobe tout et rien à la fois.

    Je ne sais pas si je crois à tout cela, mais j'en ai sans doute un peu peur.


    En tout cas, si ce que j'écris dans mes prochains livres se réalise aussi, il va falloir que j'envisage sérieusement l'écriture d'un roman où l'écrivain Cyril Massarotto deviendrait un mélange de Proust, Brad Pitt et Steve Jobs.

    Sait-on jamais...



    Dans votre dernier roman, La Petite Fille qui aimait la lumière, où il était question du lien très fort qui s'établissait entre un vieil homme et une petite fille seuls au monde, vous choisissez une structure permettant d'entendre les voix et les points de vue des deux personnages...


    Ce double point de vue est capital pour moi. Je voulais me mettre, et le lecteur avec moi, à la fois dans la tête d'une femme qui est justement en train de la perdre, la tête, et dans celle de son fils, aussi impuissant qu'elle face à la maladie, mais qui va la soutenir et l'aimer jusqu'au bout.
    Lorsque je suis dans la tête de la mère, j'essaie de comprendre et de ressentir ses peurs d'abord, des premiers symptômes jusqu'au diagnostic, puis la lente dépersonnalisation qu'elle va subir : sa façon de penser change, sa façon de parler, d'être. Au niveau de l'écriture, c'est tout à fait passionnant : cet effacement progressif de la personnalité, cette avancée vers le vide, m'obligeaient à faire évoluer mon style d'écriture à chaque chapitre. Mais l'exercice est difficile, car j'ai parfois eu peur de «trahir» les pensées des malades. Mon but premier était de ne jamais être caricatural.
    Lorsque je parle en tant que fils, le processus est un peu inverse : je suis moi, dans ma propre tête, et j'ai essayé de faire passer ma vision de la maladie, des conséquences sur l'entourage, des ravages que cela engendre.

    Cette fois, c'est tous les conjoints, enfants et familles de malades d'Alzheimer que j'ai tenté de ne pas trahir, ni décevoir.



    Vous parvenez à nous faire rire et à nous bouleverser tout à la fois ! Comment vous y prenez-vous ?


    Je ne garde en mémoire que les livres qui m'ont ému ou m'ont fait rire.

    Les autres ont pu me faire passer de bons moments, sans doute, mais je les ai oubliés.

    Je n'ai pas envie que l'on oublie mes livres, c'est pourquoi j'essaie d'écrire ce que je recherche toujours dans un livre : le rire, et les larmes. Je trouve qu'on ne rit pas assez en lisant. Pourtant l'humour aide à mettre en valeur les moments émouvants, et l'inverse est vrai.

    Si un lecteur referme mon livre en ayant ri et pleuré, alors, j'ai tout gagné.

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    Un roman triste, une chanson douce...

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  • Commentaires

    4
    Valentine
    Mardi 19 Mars 2013 à 06:45
    Ce livre à l'air absolument génial ! Je crois bien que je vais aller me l'acheter..!
      • babiblio1 Profil de babiblio1
        Mardi 19 Mars 2013 à 19:27
      • babiblio1 Profil de babiblio1
        Mardi 19 Mars 2013 à 12:30
        Ce livre est très émouvant et aborde un sujet douloureux qui touche,malheureusement, de plus en plus de personnes.
      • babiblio1 Profil de babiblio1
        Mardi 19 Mars 2013 à 12:28
        Il est très émouvant et aborde un sujet douloureux qui touche de plus en plus de personnes, malheureusement.
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